----- 剽窃和创新:对作者及其他作者的十三项调查
Qu’Arthur Rimbaud ait prélevé dans les Poésies d’Isidore Ducasse l’essentiel de sa fameuse lettre du Voyant, est-ce concevable ? Pourquoi Flaubert, dans l’un de ses Trois Contes, chercha-t-il à se mesurer au Julien de Stendhal ? Comment Céline peut-il successivement s’inscrire dans la filiation de Zola et du polar américain ? Enfin, imagine-t-on qu’un écrivain aussi contesté que Michel Houellebecq ait commencé par refaire scolairement du Camus ? Jusqu’à quelles profondeurs du texte nous faut-il descendre avant de voir se déployer les menus effets d’une intertextualité pourtant débordante ? Il n’est, pour s’en apercevoir, nul besoin de plonger dans les abysses de l’œuvre, tout se jouant à la surface, entre les lignes du texte. Une généalogie entière se reconstitue au moindre trait de plume. Que ce soit en hommage ou par rivalité, la littérature se reproduit par mimétisme et l’on trouve, logé au cœur de la création, des petits mécanismes de copiage infiniment efficaces qui assurent sa transmission. D’où la nécessité du plagiat, considéré ici non pas comme une action illicite, mais comme opération de transformation créatrice : l’impureté étant à la base des procédés de fabrication littéraire, tout écrivain, lorsqu’il capte un bout de code d’un autre, y ajoute aussitôt une plus-value qui n’appartient qu’à lui. Et si les auteurs ont systématiquement recours à des textes existants, qu’ils reprennent tout en les défaisant, c’est qu’il n’est pas d’autre voie pour entrer en littérature. Derrière chacun des auteurs que nous allons aborder ici, un autre se tient caché, prêt à se manifester cependant, pour autant que le lecteur veuille bien lui faire signe.
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