----- 剽窃和创造力II。
Aujourd’hui plus que jamais en crise, la littérature en français ne semble disposer pour se perpétuer que d’un jeu subtil d’imitations, enfoui sous l’apparente diversité des textes. Chaque œuvre littéraire s’inscrit dans une chaîne, en reprenant certaines des œuvres qui la précèdent, tout en rêvant d’être un jour transmise à son tour aux générations futures. Ce faisant, elle réactualise des fragments de code déjà actualisés par d’autres textes qu’elle copie en partie tout en y laissant proliférer ses mutations, petites ou grandes : selon le taux d’importance de ces variations, on parlera de plagiat pur ou de vague influence. C’est ce qu’on pourrait appeler le principe de vie ou de survie d’une œuvre : il ne suffit pas à celle-ci d’être lue, il lui faut encore être récrite. Sans doute le taux d’intertextualité est plus fortement présent dans les œuvres du début, l’auteur s’efforçant ensuite de faire disparaître ces traces qui sentent la classe préparatoire, dans le but de se réapproprier son propre texte. Il en va de même pour le lecteur, qu’on invite ici à s’approprier les œuvres qu’il lit et à entrer ainsi à son tour dans le dialogue que mènent ces maîtres discrets qui ne se font entendre que lorsqu’on les appelle. C’est à cette fin que sont regroupés ici par paires des auteurs tant français que francophones : on suivra les démêlées scolaires d’un Rouaud, d’un Mabanckou ou d’un Chamoiseau avec Flaubert, Diderot ou Tournier, ou la fascination qu’éprouvaient à leurs débuts Le Clézio, Sartre ou Bataille pour Baudelaire (ou Rimbaud ou Proust ou Roussel), en espérant que de cette confrontation entre deux œuvres un troisième sens finisse par se dégager, aussi surprenant que s’il nous attendait au tournant.
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