A la recherche du temps perdu repose sur une théorie de l’imaginaire qui se rapproche de celle des phénoménologues: Husserl, Fink, Sartre. Mais tandis que ceux-ci partent à la recherche de l’essence des choses (eidos) et restent dupes d’une vision essentialiste, Proust développe une théorie anti-essentialiste. Pour lui, l’imaginaire n’est pas l’instrument qui révèle l’essence inaltérable des choses (Wesensschau), mais sert de médiation entre le monde extérieur et le monde intérieur. Proust ne cesse d’affirmer que l’imaginaire est un interface où prennent consistance les être aimés, les souvenirs lointains et l’oeuvre artistique dans une continuelle métamorphose qui plie le monde extérieur au jeu de nos désirs. Relisons donc A la recherche du temps perdu à la lumière de ce concept qui est indispensable pour comprendre Proust et comprendre nous-mêmes.
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