A l’heure où l’œuvre de Georges Bataille a acquis une nouvelle dimension avec la publication de ses romans et de ses récits dans la Pléiade, il est temps de reconnaître toute son importance au mot de poésie qui, dans son œuvre, éclaire le mieux le rapport complexe que cet auteur entretint avec la littérature, tous genres confondus. Bien que le temps soit révolu où les études critiques consacrées à Bataille se contentaient, quand elles prenaient la peine de le faire, de reléguer la poésie au rang de question mineure, force est de constater que celle-ci reste encore marginalisée et mal comprise dans les études les plus récentes.
La méditation de Bataille n’est pas d’un bloc. Fragmentaire, elle est plutôt faite de reprises incessantes où chaque fois la question de la poésie est rejouée, abordée à partir d’un biais nouveau, comme si Bataille trouvait dans cette multiplication des angles d’attaque la meilleure manière de s’approcher d’un objet qu’il savait le plus fuyant.
Ainsi, seront tour à tour envisagés les rapports que Bataille entretint avec le surréalisme et plus particulièrement avec l’écriture automatique ; l’articulation qu’il voulut opérer entre la poésie et l’expérience ; la manière dont il se servit du sacrifice pour penser les modalités de l’écriture de la poésie ; la façon dont il se mit en jeu dans les poèmes et les rapports que cette mise en jeu entretient avec celle qu’il tenta à travers ses fictions ; la question enfin de la communauté avec laquelle ses méditations trouvent peut-être leur plus grand accomplissement, si bien que ce qui se formule alors est sans doute ce qui, de cette œuvre, nous interroge le plus aujourd’hui.
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