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M. Charles Buet, lui, n'a ni la généalogie, ni peut — être le talent de M. Gilbert -augustin Thierry; mais il a quelque chose de mieux, a notre avis il a le respect de la vérité. M. Buet a pris pour devise de ses Gentilshommes de la Cuiller ces trois mots In fide veritas! Et il y est resté constamment fidèle. Les anciennes chroniques donnent le nom de Gent:'l.ehommes de la Cuiller a une association de seigneurs catholiques de la Savoie, armés pour combattre la rébellion des Gène vois contre leur prince-évêque et les doctrines des hérésiarques dont Genève était le foyer. Née au milieu d'un festin, l'association prit une cuiller pour symbole. Ce sont les aventures de ces gentilshommes qui font le sujet du roman de M. Charles Buet. Les deux principes en lutte s'incarnent dans les Falichet, protestants, et dans les Mau drants, catholiques. Les Falichet sont peints sous de noires couleurs un peu trop noires même. L'auteur s'en excuse en disant que les protestants du seizième siècle étaient les révolutionnaires d'alors. Les Falichet sont naturellement l'antithèse. Il faut donc écarter ici le côté personnel qui serait blâmable. Nous sommes uniquement en pré sence de deux drapeaux. Il y a dans les Gentilshommes de la Cuiller des types vigoureusement brossés, tels que ceux de Pontverre, de Beau fort, de Bonnivard. Le récit pécherait, a ce propos, par trop d'austé rité, si les chastes amours de Claude de Champier et de Claire Mau drant ne venaient jeter leur note émue et tendre sur ces scènes de combats et de trahisons, de défaites et de triomphes, de crimes et d'hé ronsme. M. Bust a fait aussi revivre avec un rare bonheur la sympa thique figure de Symphorien de Champier, historien et médecin célèbre (le mire lyonnais, comme on disait de son temps), auteur de la Chra nique de Savoie. — Une bibliographie des ouvrages consultés termine le volume. Excellente innovation.
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