Le prisonnier qui, après avoir forcé des portes, trompé ses gardiens, franchi vingt clôtures, retrouve enfin le soleil, l'air libre et le sourire d'une jeune femme, n'a pas cette plénitude de bonheur que ressent mon esprit, au sortir de la geôle douloureuse où il a gémi des années.On a peine à se figurer un amoureux des ténèbres, un homme qui se fait enfermer par plaisir dans un cachot. Tel étais-je pourtant et tels sont encore beaucoup de mes contemporains.Comment pourront-ils sortir? Quel bon Génie les poussera dehors? je ne sais. J'avais du moins pour moi dans ma sombre cellule, l'impatience, le désir de la lumière, mais pour les yeux dont je parle l'obscurité est bienfaisante; la vue de ces gens est si fatiguée que peut-être ne s'habitueraient-ils pas aisément au grand jour.Pauvres prisonniers volontaires! que je vous plains.
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